Ulysse et les sirènes – Château de Fontainebleau

Chef d’œuvre de Ruggiero de Ruggieri (1540 – 1596-97) et du maniérisme bellifontain, Ulysse affrontant les sirènes et traversant le détroit de Charybde et Scylla (ou Ulysse et les sirènes) entre dans les collections nationales et rejoint le château de Fontainebleau grâce au mécénat de la société Yagi Tsucho Limited.

Cette acquisition est un enrichissement d’importance, ce tableau étant le troisième et dernier d’une série qui est le seul témoignage de l’extraordinaire galerie d’Ulysse du château qui fût détruite par Louis XV en 1738. Elle confirme également la dynamique de la politique d’enrichissement des collections du château de Fontainebleau dans le champ de la peinture du XVIe siècle et de l’évocation des grands décors, source d’inspiration pour les artistes durant toute la période moderne.

Le tableau est désormais présenté de façon pérenne à l’entrée du parcours palatial aux côtés des deux seules autres huiles sur toile de Ruggiero de Ruggieri inspirées de la galerie d’Ulysse. La scène illustre deux épisodes successifs du chant XII de L’Odyssée d’Homère. Après avoir quitté Circé, Ulysse et son équipage affrontent successivement le péril des Sirènes, dont les chants charment et perdent tous les mortels, puis les deux écueils, Charybde et Scylla. Afin de ne pas succomber aux voix ensorcelantes des sirènes, Ulysse ordonna à ses compagnons de se boucher les oreilles avec de la cire. Mais le roi d’Ithaque, ne souhaitant rien perdre de leurs chants mélodieux, demanda à être lié au mât de son navire, s’abstenant de boucher ses propres oreilles…

La représentation des deux épisodes n’est toutefois pas littéralement conforme au texte grec de l’épopée homérique. Il n’y est dit nulle part qu’Ulysse ait lutté contre Scylla. Primatice reprend en fait très certainement, dans un contexte aquatique, la scène qu’il avait imaginée pour montrer Cadmos combattant le dragon. Il n’est jamais mentionné non plus dans L’Odyssée que les Sirènes étaient au nombre de trois (comme elles le sont à l’avant-plan à gauche du tableau). On retrouve sur ce tableau le style des peintres de l’École de Fontainebleau, dont Ruggieri est l’héritier en tant qu’élève de Primatice.

Il faut signaler que le mécénat de l’entreprise Yagi Tsucho Limited, porté par son Président Monsieur Yuzo Yagi, est l’un des mécénats les plus importants pour le château après ceux obtenus pour la restauration du théâtre Impérial et de l’escalier en Fer-à-cheval.